
Lee Brilleaux - Jukebox (années
80) Propos recueillis par Bruno Librati
Ce LP a été produit
en 1977 par l'américain Bert de Coteaux. A cette époque,
nous étions en contact avec CBS-USA. Là-bas Ils aimaient
assez les deux premiers 33 tours "Down By The Jetty" et
"Malpractice", mais ils désiraient autre chose, un
style moins rugueux qui pourrait se vendre aux Etats-Unis. Chris a
pensé que CBS devrait nous choisir le producteur adéquat.
On connaissait un peu Bert de Coteaux et CBS a approuvé. Bert
est un super mec avec qui travailler. Un vrai gentleman, doublé
d'un pianiste talentueux et de plus, super marrant. On s'est éclaté
à enregistrer ce LP mais nous avons eu à ce moment là
des problèmes avec Wilko Johnson qui se trouvait dans une phase
d'anxiété. Il essayait d'écrire de nouveaux morceaux
et il n'y arrivait pas. Il souffrait d'une certaine façon,
devenait frustré et donc difficile à supporter, hargneux
et de mauvaise humeur avec tout le monde. C'était devenu Impossible
de travailler avec lui. Et cette chanson "Lucky Seven" a
tout déclenché. Nous lui avons demandé "pourquoi
ne pas utiliser des titres d'autres compositeurs ?" car nous
n'avions pas assez de matériel pour remplir un album. Alors
Lew Lewis nous a donné cette chanson. Wilko est devenu furieux
et n'a pas voulu jouer dessus. C'est Bert de Coteaux qui est au piano
et Tim Hinkley à 1a guitare. Wilko nous a dit "si 'Luckv
Seven', se retrouve sur le LP. Je quitte le groupe". C'était
pourtant une bonne chanson mais à cette époque il était
irrité par tout et rien à la fois. Nous étions
de bons amis et nous nous sommes foutus de sa gueule ! "Lucky
Seven" s'est retrouvé su l'album et il a quitté
Dr Feelgood le jour de la sortie de "Sneakin' Suspicion".
Qui est la fille qui figure sur la pochette
?
C'est une Idée commune entre United
Artists et Dr Feelgood. Nous avions un problème contractuel
. Wilko Johnson nous avait quittés et Il ne pouvait pas apparaître
sur la couverture. Comme nous ne pouvions pas utiliser une photo traditionnelle
du groupe, nous avons pris un cliché ayant un rapport direct
avec le titre du disque, "Sneakin' Suspicion" (pouvant se
traduire par "une doute confirmé"). Le photographe
Gered Mankowitz l'a réalisé en montrant une femme qui
embrasse un homme devant I'Alibi Club de Canvey Island où nous
allions souvent prendre un verre.
1977 c'est aussi l'année du Punk. Quelles
sont tes impressions sur ce mouvement ?
Quand le phénomène a commencé,
nous cinq avons été mis dans le même sac. Je ne
pense pas être moi-même un punk. Je ne m'habille pas particulièrement
de la sorte. Pas mal de musiciens à qui se trouvaient dans
des groupes punks étaient de mes amis. Le punk c'était
le fun, différent et anarchique comme la jeunesse peut l'être.
Quand les groupes ont progressé, c'est devenu comme une révolution.
Mais comme toute révolution, - elle n'a pas tenu ses promesses.
Elle a perdu sa verve anarchique du début. Et ça m'a
littéralement rendu triste de voir comment ça tournait.
Surtout qu'en quelque sorte nous avons été les précurseurs
du mouvement. Nous lui avons donné la force d'y croire.
Quand Wilko est parti, c'est Henry Mccullough
(ex-Grease land. Wings) qui l'a remplacé pour une tournée.
Quand Wilko Johnson a quitté Dr Feelgood,
nous avions déjà signé des engagements pour cinq
concerts en Allemagne et, malheureusement, nous n'avions plus de guitariste.
Quelqu'un nous a suggéré Henry Mccullough. Il nous a
rejoint pour ces cinq galas en Allemagne. C'est un super guitariste...
mais pas pour Dr Feelgood ! Nous lui avons offert le job mais l'argent
que nous pouvions lui donner n'était pas suffisant, à
son goût ! De plus nous tournions six à sept mois par
an à travers le monde et il n'était pas tellement intéressé.
C'est donc John "Gypie" Mayo qui
a officiellement succédé à Wilko. Comment l'avez-vous
rencontré ?
Gypie avait déjà joué
en première partie de Dr Feelgood avec son groupe. Nous sommes
devenus ainsi de bons copains, se retrouvant après les concerts,
dans des parties. Puis nous nous sommes perdus de vue. Je savais qu'il
habitait dans l'Essex, pas très loin de Canvey, mais nous ne
savions pas où exactement. C'est en nous rendant à Hallow,
Big Figure, Sparko et moi pour faire nos propres recherches que nous
l'avons retrouvé. Il dormait par terre dans l'appartement d'un
type, avec une boîte remplie de disques, quelques affaires et
sa guitare. C'était tout ce qu'il possédait au monde.
Nous lui avons demandé s'il voulait rejoindre Dr Feelgood et
il a accepté aussitôt. Nous sommes repartis à
quatre. Gypie était pourtant différent de nous, dans
le sens où il est plus Rock'n’Rroll, ce qui ne l'empêchait
pas de coller à merveille au son de Dr Feelgood.

Two archive reissues from the
14-album catalogue of Canvey Island’s leading rhythm and boozers,
Dr Feelgood. Both culled from l977 at the turning point of their career,
they still sound as raw and gritty today. At the height of punk, Dr
Feelgood’s good-time pub rock, perhaps surprisingly, managed
to survive and flourish on "Sneakin’ Suspicion".
With the departure of charismatic
guitarist Wilko Johnson, "Be Seeing You", with the incumbent
John Sparks, was open to over-incisive press examination. The group
never really recovered from Johnson’s departure in credibility
terms but musically little altered. Spirited, simple and soulful,
with Lee Brilleaux’s gargled vocals holding court, Dr Feelgood
were never short on humour. "Sneakin’ Suspicion" boasts
some fine self-penned numbers, while "Be Seeing You" has
a succinct Nick Lowe production and covers soul classics "99
And A Half (Won’t Do)" and "60 Minutes Of Your Love"
into the bargain. ***
Dave Henderson pour
le magazine Q




