
Basse : John
B. "Sparko" Sparks
Batterie : John "The Big Figure" Martin
Guitare : Wilko
Johnson
Voix / Harmonica : Lee Brilleaux
|
Malpractice
Année
: Octobre 1975
Label : United Artists UAS 29880
(réédition chez Grand 09 en août 1990)
Ingénieur : Doug Bennett
Producteurs : Doctor Feelgood, Vic
Maile
1. I Can Tell (McDaniels,
Smith)
2. Going Back Home (Green,
Johnson)
3. Back In The Night (Johnson)
4. Another Man (Johnson)
5. Rolling and Tumbling (Morganfield)
6. Don't Let Your Daddy Know
(Johnson)
7. Watch Your Step (Parker)
8. Don't You Just Know It
(Smith, Vincent)
9. Riot In Cell Block #9 (Leiber,
Stoller)
10. Because You're Mine (Johnson,
Lowe, Sparks)
11. You Shouldn't Call The Doctor (If You Can't Afford The Bills)
(Johnson) |

Wilko Johnson - Rock & Folk
(1977) Propos recueillis par Philippe Manoeuvre
Peux-tu nous raconter la genèse
d'une de tes chansons ?
Par exemple, "Back In The Night".
Je travaillais sur autre chose, et il ne se passait rien. A onze heures
du soir j'ai abandonné, parce que ma Miss est arrivée.
On était assis, on parlait, et soudain un riff surgit dans ma
tête : "Tin, tinlinlin". Des le départ, j'ai
tout couche sur le papier. A ce moment-la, j'ai une structure musicale.
De plus, j’ai mon code, ma syntaxe. En anglais, il y a trois significations
possibles pour l’expression "to back in the night",
en gros "Je reviens ce soir", "De retour dans la nuit"
et "Encore dans le pétrin". Alors j'ai compose un couplet
pour chaque sens, et c’est venu très vite. Naturellement,
c'est plus satisfaisant ainsi, car on a l’impression d’un
acte magique. Mais je porte une attention toute particulière
aux mots. Ainsi, il m’est arrive de travailler un an durant sur
des refrains. Je ne veux pas dire par le que les gens devraient scruter
mes textes avec une attention toute particulière, mais si un
seul mot ne me semble pas parfait, je préfère ranger la
chanson.
Lee Brilleaux - Jukebox (années 80) Propos recueillis par Bruno
Librati
Fin 1975 nous publions notre deuxième
album "Malpractice" en moitié produit par Vic Maile.
Vic ne voulait plus collaborer avec nous. Nous avions décidé
d'être encore plus minimaliser et d'enregistrer comme "Down
By The Jetty". Vic Maile voulait faire quelque chose de différent.
Probablement son projet était meilleur que le notre. Mais à
l'époque, nous pensions mieux faire. Ce LP est une extension
du premier, avec de nouveau une couverture en noir et blanc. La photo
a été prise devant une ancienne devanture d'un barbier
à Canvey Island. Ce quartier a été détruit
depuis. Pour le choix des chansons, la reprise de "Watch Your Step"
de Robert Parker était l'un des morceaux que nous avions s'habitue
de jouer live. De même que pour "Don't You Just Know It"
de Huey "Piano" Smith et "Riot ln Cell Block N°9".
Wilko a écrit "You Shouldn't Call The Doctor" comme
un Rock'n'Roll à la Jerry Lee Lewis. "Malpractice"
contient pas mal de chansons que nous jouons toujours, comme "I
Can Tell" de Bo Diddley ou notre hit "Back In The Night".
une composition de Wilko, qui est devenu l'un de nos morceaux de référence.
Pourquoi "Malpractice" ?
Je n'ai jamais rencontré la personne
qui a dessiné le verso. La pochette a été réalisée
par le service graphique de chez United Artists. Pourquoi "Malpractice"?
Ce terme est employé quand un docteur ou un avocat effectue quelque
chose qui ne lui est pas permis par sa profession, cela s'appelle malpractice.
C'est nous qui l'avons choisi, notre label nous laissait pas mal de
liberté.
Comment se fait-il que tu n'écrivais pas
â l'époque ?
Wilko Johnson était le principal compositeur.
J'essayais, mais Wilko était un personnage dominant et je n'arrivais
pas à l'égaler. Alors il écrivait seul et le faisait
très bien.
Ensuite vous avez entrepris la tournée
"Spreading Through Europe".
Ce fut une folie. La folie ! Nous avons fait
70 dates à travers l'Europe. Je me souviens très bien
du concert au Bataclan à Paris. Un public super. Je pense vraiment
que ce fut l'un des sommets du groupe. Nous venions juste de percer
et le public était très excité. A cette époque,
nous formions l'un des plus grands groupes de Rock.
Certains critiques français, au
niveau de l'impact, vous comparaient alors aux Who des débuts.
Il est vrai qu'avec Wilko à la guitare,
notre rythmique carrée et moi, il y a quelques points de ressemblance.


Paulo est guitariste dans un groupe de
rock. Enfin, c‘est-à-dire qu’il avait un groupe,
mais en ce moment il cherche des mecs branchés pour jouer derrière
lui. N’empêche que quand il emprunte la Dyane Six de sa
mère, il laisse toujours son Fender 25 Watts sur le siège
arrière pour montrer à ses poteaux ou ça se passe.
Quand il vient chez moi, il se précipite sur ce disque, manque
de le rayer dans sa précipitation, sans parler des traces de
doigts, et il s‘écoute "I Can Tell" ("juste
comme le premier album"), "Back In The Night n ("z’ont
foutu un écho du tonnerre sur la voix !") et "Don‘t
You Just Know It" ("comme sur scène,
le coup du ‘Ah! Ah ! Oh ! Oh !’"). Si on lui
demandait s‘il aime ce disque, il ne saurait pas quoi dire, sauf
que "c‘est des fous les mecs, hey
!"

Z... est un camé invétéré,
on le voit souvent demander à sortir en plein cours de maths,
eh bien c‘est pour aller fumer des peaux de bananes séchées
dans les chiottes, et comme le matin il a vide l’armoire a pharmacie
de ses parents, il est pas joli quand arrive midi, précisément
l’heure à laquelle il s’envoie une giclée
de détachent dans les narines. etc... Il n'a bien sûr aucun
groupe favori, et son double album des Beach Boys contient depuis longtemps
un vieux Jacques Dutronc. L’autre soir, il a écouté
Feelgood dans son coin : et alors qu‘une demi-heure après
quelqu’un soulevait le problème crucial du dernier Neil
Young en renversant un cendrier, Z... a dit : "Vous
pourriez pas remettre ‘Riot In Cell Block’ machin chose
de Doctor Flipgood ?" sur un ton si poignant qu’on
s‘en est tous re-octroyé une vieille giclée dans
les tympans. Le lendemain. il paraît qu‘il s’est mis
au Chivas, ce qui fait de lui un mec à la redresse et de cette
chronique une pièce morale.

Enfin non, car son père l’a
engueulé pour avoir vide le bar. Naturellement, il était
inutile de lui expliquer que la voix de Brilleaux commence agréablement
à évoquer celle de John Kay, parce qu‘après
avoir longuement médité il m’a demandé si
John Kay était le guitariste de Feelgood, ou le bassiste.
Dominique est un poète. Tout le
monde sait qu‘il écrit des chansons, et personne n'a encore
eu le courage de lui dire qu’elles sont repiquées au répertoire
de Mott The Hoople, parce qu‘il est très gentil.

Au fait, il a été le premier
à juger que Feelgood était un groupe capital pour sa génération.
Toujours accompagné par Mimi La Pêche, ils vont, un exemplaire
de "Malpractice" sous le bras. Sûr que si on les avait
poussés dans leurs retranchements a l’époque du
premier, "Down By The Jetty", ils auraient reconnu que c'était
pas un disque si génial que ça. Mais maintenant ! On ne
les tient plus ! Ce ne sont que hurlements sur la partie de slide guitare
de "Rollin‘ & Tumblin", prosternations devant le
piano bastringue qui éclaire le super dernier morceau, ou pâmoison
devant le standard à la Diddley, "Don’t Let Your Daddy
Know." Mieux et de plus en plus fort, ils ont réussi à
détourner la charmante Sylvie de son Genesis pour la brancher
sur le Docteur! A fond la caisse mercredi après-midi. et tu sais
sur quoi elle a capitulé ? Sur "Because You‘re Mine
!" Elle en pouvait plus, et tout le monde en a profité pour
lui faire faire un petit bout de chemin. Lee Brilleaux est qui vous
savez.
L’autre jour, en me tendant cet
album, il m’a dit : "C’est
un bon disque pour écouter, pour danser et pour baiser."
Sûr comme l’enfer qu`il avait raison, et comme disait Gide
: "A train d‘enfer et avec brio
!" Le malheureux n'a pas connu Feelgood, sinon il serait
encore avec nous...
Philippe Manoeuvre
©Rock & Folk 1975

