Dr. Feelgood


Basse : John B. "Sparko" Sparks
Batterie : John "The Big Figure" Martin

Guitare : Wilko Johnson
Voix / Harmonica : Lee Brilleaux

Down By The Jetty

Année : Janvier 1975
Label : United Artists UAS 29727 (réédition chez Edsel ED160 en 1987 puis chez Grand 05 en janvier 1990)
Enregistré : du 8 juin au 27 novembre 1974
Ingénieurs : David Charles, Kingsley Ward, Pat Moran

Producteur : Vic Maile

1. She Does It Right (Johnson)
2. Boom Boom
(Johnson)
3. The More I Give
(Johnson)
4. Roxette
(Johnson)
5. One Weekend
(Johnson)
6. That Ain't No Way To Behave
(Johnson)
7. I Don't Mind
(Johnson)
8. Twenty Yards Behind
(Johnson)
9. Keep It Out Of Sight
(Johnson)
10. All Through The City
(Johnson)
11. Cheque Book
(Jupp)
12. Oyeh !
(Fingal, Green, Mansfield)
13. Bonie Moronie/Tequilla
(Williams) (Live)

Lee Brilleaux - Jukebox (années 80) Propos recueillis par Bruno Librati
Début 1975 parait notre premier album "Down By The Jetty". L'idée de la pochette est de nous. On voulait que la photo soit réalisée à Canvey Island où nous habitions. Derrière, on peut voir le port avec les bateaux de transports pour le pétrole. Le jour de la prise de vue il faisait très froid, avec beaucoup de vent, c'est ce qui a plu au photographe.
Pourquoi une pochette en noir et blancs avec juste un voile bleuté, alors que l'époque était aux couleurs éclatantes ?
Nous aimions cela. Dans la même veine, le disque est aussi en mono. Nous voulions quelque chose de très simple, de brut. Originellement, l’album a été mixé en stéréo. Mais comme il a été enregistré simplement, on entendait la batterie d'un côté et la guitare de l'autre. Alors nous avons préféré le sortir en mono. Et le son est bon. Je suppose que d'une certaine façon c'est la raison pour laquelle nous avons été taxé de minimalistes, suite à ce retour aux sources : disque en mono, photo en noir et blanc, pochette monochrome. Enfin Vic Maile est un producteur étrange, sans doute parce qu'il était l'un des meilleurs ingénieurs du son avant qu'il ne devienne un producteur renommé. C'était un homme très talentueux. Il a enregistré des orchestres symphoniques, des quatuors à cordes... Il avait utilisé les bons micros. Sa technique de production collait parfaitement avec Dr Feelgood. Il savait capturer ce que nous faisions et c'est ce que tu entends sur le disque. C'était ce que Vic aimait. Andrew Lauder a également insisté pour que nous utilisions Vic. C'était l’idée d'Andrew et je pense que c'était une combinaison intelligente.

Qui a choisi les morceaux ?
Nous-mêmes. Vic n'a pas pris part dans la sélection des titres. Nous sommes entrés en studio avec les chansons que nous aimions en vue de les enregistrer après les avoir longuement rodas sur scène. Wilko avait un paquet de bonnes compositions et il fallait à tout prix les transcrire sur disque. "She Does It Right", "Rosette" et "Keep It Out Of Sight"… rien que de bons titres. Puis nous avons retenu quelques reprises : "Boom Boom" de John Lee Hooker et le medley "Bonie Moronie/Tequila" enregistré en public au Dingwall et que nous jouons toujours en concert. Le titre du LP "Down By The Jetty" vient du deuxième vers de "AlI Through The City". Il collait bien au disque. Nous voulions montrer au public d'où nous venions.
Comment s'est passé l'enregistrement ?
Nous avons réalisé "Down By The Jetty" au Rockfield Studio au Pays de Galles. Nous avons connu des moments fantastiques pendant cette première session. C'était tout nouveau pour nous. Nous avons enregistré sur un 16 pistes mais pour nous, c'était ENORME. Cela avait l’air d’être le top niveau en matière d’équipement. Jusqu'à présent nous avions travaillé sur un quatre pistes pour nos démos. Elles n'ont jamais été publiées et je ne sais même pas ce qu'elles sont devenues. Je ne crois même pas que Chris les ait gardées. Peut-être que Big Figure sait où elles sont mais je n'en suis pas certain. Nous avons ainsi enregistré trois chansons à Southern.
Pourquoi ne pas essayer de les retrouver et de les sortir en b-side de 45 tours comme pour 'Route 66' (la face B de "Roxette" leur premier simple), ou avec d'autres inédits, d'en faire un album pour fans.
Ce n'est pas une mauvaise idée. EMI Londres a les droits de ce matériel. Pour les démos, il n'y a pas de problèmes, à condition de pouvoir les récupérer, car au début je ne conservais pas tout ce qui concernait Dr Feelgood. Je le fais maintenant. Quant nous avons commencé, nous ne pensions pas à tout cela, nous ne portions pas d'intérêt à ce genre de détail. Nous regardions uniquement le présent et parfois le futur proche. Nous étions trop occupés. C'est bien après que nous avons réalisé que tout cela avait aussi son importance.
En 1976, vous tournez avec Kokomo et Chilli Willi & The Red Hot Peppers.
C'était le Naughty Rhythm Tour ! Nous formions trois pub bands et l'idée était de réunir nos forces pour faire une tournée majeure à travers l'Angleterre. Chaque jour, nous jouions dans un ordre différent. Un soir c'était Kokomo en vedette, le suivant Chilli Willi… Ce périple a été un succès pour les trois groupes pub rock londoniens à travers de pays, avec la chance d'exploser en dehors de Londres. Un énorme succès. Surtout pour Dr Feelgood.

Lee Brilleaux - Rock Hebdo (1978) Propos recueillis par Bobby Bruno
Au départ, l’album en entier a été réalisé selon les méthodes traditionnelles, c'est-à-dire en stéréo. Par contre, nous avions déterminé un son très net et des utilisations d’instruments les plus simples. A l’écoute des premières bandes, nous nous sommes aperçu que la guitare était à droite alors que la batterie se situait, elle, à gauche. C’est en voulant réunir les deux sons au centre, que nous nous sommes aperçu que c’était exactement le son que nous recherchions. Et de là le disque est sorti en mono.
Mais la pochette en noir et blanc et la touche rétro c’est indéniablement un concept ?
Si tu veux ! Mais jamais nous n’avons vraiment cherché à exploiter ce genre de situation.

Si quelqu’un attendait impatiemment la sortie du premier disque d'un des meilleurs groupes actuels de rock’n’roll anglais, ce n‘est sans doute pas le plus "vieux" fan, mais ceux à qui il en a parlé. ceux pour qui cet orchestre représente déjà un espoir de survie du rock européen. Il existe une catégorie de rock- people qui n’accepte toujours pas de donner au terme "rock-music" la largesse de sens qu‘on lui accorde aujourd’hui... oui, les teenagers des années 60 ne sont pas tous récupérés par les modes et le fait de garder sa mentalité de "sweet sixteen" n'implique pas nécessairement la persistance d‘un esprit demeuré... La qualité n’est pas réclamée par les fans aux musiciens, mais par le groupe à son public.

Il ne vous faudra pas entendre uniquement ce qui est gravé dans les sillons de ce disque. mais deviner également tout ce que suggèrent les multiples soubresauts rythmiques du son Dr Feelgood. Mais il ne s'agit la que deux des raisons qui poussent obligatoirement ‘auditeur à écouter différemment cette musique qui, il faut bien le dire, semble chercher encore son identité au cours de cet enregistrement, alors que ce stade est dépassé depuis bien longtemps sur scène. La encore, deux raisons à ce reproche :
1) "Down By The Jetty" n a été enregistré du 26 au 27 novembre 1974 dans un environnement (studio, matériel neuf et avis extérieurs aux vues du groupe) totalement étranger aux musiciens.
2} Vie Maile ne fournit quasiment aucun travail décisif de production et David Charles a enregistre le groupe comme on apprivoise un animal." Dr. Feelgood a donc presque l’avantage d‘être présenté comme un produit brut non manufacture (c’est ce que souhaitait Wilko) mais au son préalablement digéré par une technique qui a véritablement sélectionné ce qu‘elle estimait être ses seuls éléments moteurs (et cette "habile" manœuvre fut réalisée a l'insu du groupe, qui est tout de même "sauvés" par le mixage mono !).

Mais heureusement, ceux d’entre vous qui n‘ont jamais vu Dr. Feelgood sur scène mais le considèrent déjà comme un mythe, "rentreront" définitivement dans la musique et "corrigeront" d‘eux-mêmes les imperfections de ce disque car, en arrivant au dernier morceau ("Bonie Moronie/Tequila") enregistré en public, ils réaliseront l‘ampleur du décalage scène/studio et pardonneront aux musiciens leur "dépaysement". En pratique ces considérations, un peu pointilleuses sans doute, continueront à me faire douter des qualités de Vic Maile en entendant la simplification abusive de "Roxette" ou "One Week End", dont la triple agression rythmique semble avoir été légèrement "gommée" du jeu de Wilko - dont les prouesses sur scène ne relevaient pourtant pas du rerecording ! "That’s The Way To Behave" est, si l’on peut dire, un blues typiquement britannique et, si vous avez déja fait le rapprochement entre la pochette de "Down By The Jetty" et celle de "Back In The U.S.A." (M.C.5). vous avez déjà compris pourquoi... Alors je vous conseille de vous immuniser rapidement. car l’Agression est très proche et, avant de subir Celle-lâ, je vous conseille de vous entraîner à supporter quotidiennement une bonne dose de trois CC de rhythm’n‘blues : "She Does It Righ", "Keep lt Out Of Sight" et "Bonie Moronie/Tequila"... vous ne risquerez l’overdose qu`en ajoutant le single "Route Sixty Six", ou l’intégralité d‘une performance publique au Kesington's Pub...

Daniel Vermeille
©Rock & Folk 1975

 

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