Dr. Feelgood
Wilko's Back - Watch Out (1986)

Article de Benoît Binet © Nineteen

Les mauvaises langues diront que ce qui est en train de se passer du coté de Southend-On-Sea tient plus du plan ORSEC que d'une main basse sur la ville. Ça n'empêchera pas Water-front Rds de se monter une écurie pour trois fois rien avec tous les régionaux qui se sont fait depuis longtemps claquer au nez toutes les portes du show-biz anglais.

Bâillement dans l'assistance. Qui nous fera croire que le grand frisson peut encore venir des rivages mazoutés de l'Essex ? Il s’est passé tellement de choses depuis 1974 : Feelgood n'est pas le groupe le plus violent de l'année (comme disait la presse de l'époque), Mickey Jupp est caché quelque part au fin fond du Lake District et les Hot Rods ont tellement laissé refroidir le moteur qu'il en a choppé une pneumonie. Alors, un retour du rock du pub ? La chose était déjà obsolète dans Nineteen en 83, vous parlez que Maintenant…

Minute boyos minute ! C’est pas parce que le dernier Hot Rods est un sous-caca que je vais vous laisser dire n'importe quoi. C'est pas parce que l'ultime single des Kursaal Flyers n'est finalement indispensable que pour ceux qui ont ce groupe à cœur depuis longtemps, qu'il faut venir gerber sur ce que vous avez adoré (et si ce n'est vous, c'est vos grands-frères)! On finirait par croire que toute cette affaire n'a été qu'une histoire d'ivrognes plus ou moins sympathiques, de braves demeurés et de mous du poignet. Je dis non. Et sans vouloir déterrer des macabs qui ne doivent plus sentir la rose, je rappelle à ceux qui auraient la mémoire courte que le pub-rock, ç'a n'a pas été que Dave Edmunds, et que la scène fourmillait de gens méchamment rock, méchamment durs, méchamment violents, méchamment pas cons, et méchamment méchants. Relevez la tête, regardez au-tour de vous, et dites-moi si ce que vous voyez laisse présager des lendemains plus radieux.

Ça y est, j'ai fait ma grosse colère du mois. Inopportune peut-être; à contre-courant sans doute. M'en fiche. Tout ce que je voudrais, c'est donner une petite chance à ces deux disques qui viennent de tomber. Leur éviter les sourires blasés et les airs entendus. Faire en sorte que l'étiquette pub qui leur sera forcément accolée ne se lise pas comme une étoile jaune. Arriver à ce qu'a défaut d'intérêt, on leur accorde au moins un brin de respect. Ils n'en demandent probablement pas davantage. Les Shakers, d'abord, qui sortent un maxi-Ep. Là, vous allez dire que je suis un emmerdeur et que c'était bien la peine de vous courir, mais je dois avouer que je ne suis pas un inconditionnel du groupe. Un morceau attachant de temps à autre, mais l'album Lolita était plein de longueurs et de faiblesses. Ici, c'est un peu pareil, mais la brièveté de l'exercice les sauve. Il y a même un titre très réussi, ce "Prisoner d'amour" qui rappelle un peu les Them. Bilan légèrement positif donc: suffisamment pour que tous les fans que compte Steve Hooker entre Nancy et Toul y jettent une oreille.

La seconde cire, c'est un mini-LP live de Wilko Johnson. Wilko vieillit bien. C'est un peu le Muddy Waters d'Outre-Manche pour reprendre une comparaison en vogue (cf. son récent EP sur Losers, le label d'Annecy) : il ne compose pas beaucoup, il ressert souvent les mêmes morceaux, mais ce qu'il fait est toujours intéressant. Le voici entouré, pour la première fois depuis une paie, par un groupe entièrement nouveau: un certain Salvatore Ramundo à la batterie et Norman Watt-Roy à la basse. J'étais un peu inquiet de ce que pouvait donner ce dernier, surtout après son passage dans les Captains Of industry (hello. Eric !), mais finalement, son jeu funky feutré va très bien à Wilko. L'autre fou maltraite toujours sa malheureuse Telecaster et continue à chanter comme un dindon à qui on aurait vulcanisé le larynx. On a droit à "Looked out my window" et à une chouette version de "Dr. Dupree". Wilko, on t'aime !

Wilko Johnson : Watch out ! (WFO 24)
Shakers : The missing link (WFT 25)
Waterfront Records, 74 High Street, Leigh-On-Sea, Essex, G.B. Et, pour mémoire : Wilko : In memoriam of Muddy Waters (Losers Records, 23 Bd Taine, 14000 Annecy).

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